Attention danger travail / Pierre Carles, C-P productions, 2004 .- 105 mn(DVD)

Publié le par DLB (BDY)

Sujet et thème(s) :

Le travail est il une fatalité?

Droit à la paresse
 

Proposition Indice Dewey : 331

Proposition mot matière : Travail -- Refus
Public : Adultes

Résumé et Commentaire :


L’homme peut il se passer de travailler? Le travail constitue t-il une dimension indispensable dans la vie de l’individu ?

La question est provocante, en ces temps difficiles où l’emploi constitue une préoccupation majeure et dans notre société qui a sacralisé le travail. Celui ci est en effet devenu une valeur consensuelle; qu’il est très incorrect de refuser. En dehors du travail point de salut ; c’est pourquoi les «inactifs» sont plutôt sévèrement jugés voir condamnés.

Le film ne manque pas d’exemples concrets et de témoignages qui soulignent l’aliénation que représente le travail et justifierait un «droit à la paresse».

Le travail c’est une discipline et un endoctrinement  qui formate et coule le travailleur dans un moule, celui de l’entreprise (voir les exemples hallucinants de Domino’s Pizza et de la plateforme de télémarketing).C’est aussi dans certains cas de mauvaises conditions de travail et une pénibilité qui lamine physiquement l’individu (voir le témoignage touchant d’un ajusteur). C’est enfin une partie importante de l’existence sacrifiée, qui ne sera jamais consacrée à sa famille et à son enrichissement personnel (sociabilité, culture, loisirs).

C’est pourquoi tous les «oisifs» interrogées affirment  que la perte de leur travail a finalement représenté un gain inestimable en qualité de vie, une vie dont ils profitent enfin pleinement et qu’ils disent désormais maîtriser. Tous conviennent aussi que cela à un prix qu’il faut accepter: des moyens, une consommation et un train de vie réduit.

Dans le débat, certains témoignages qui frisent la caricature peuvent agacer ou faire sourire et certaines situations se révèlent trop particulières ou datées pour pouvoir être généralisé.

Sur ce délicat sujet de société, tout est en effet question de nuance. Au delà de l’aspect purement alimentaire, le développement et l’enrichissement de l’individu n’est il pas la finalité du travail ?

Les arguments présentés se révèlent néanmoins convaincants pour refuser le travail et la sacralisation dont il est l’objet. Parmi ceux ci  le documentaire nous offre une intervention particulièrement percutante et décapante sur la logique implacable du système libéral qui se cache derrière cette «passion» pour le travail.

Comment matériellement peut on vivre sans travailler ? Peut on, doit on obliger les inactifs à travailler? Est il «moral» de rester « oisif » et de vivre aux « crochets » des actifs grâce aux prestations sociales qu’ils  financent ? Le réalisateur n’aborde jamais directement les questions que soulève une attitude de refus et ce n’est qu’au détour de la discussion qu’elles surgissent. Cela n’est pas gênant dans la mesure où le réalisateur a des le départ délimité son sujet.

Le problème plus général de la précarité et de la pauvreté est aussi évoqué indirectement, à travers la situation des Rmistes et chômeurs.

Dans la forme aussi le film est  une réussite. Un montage vif tient le spectateur en haleine. Chaque séquence est introduite par des sous titres incisifs. Le réalisateur fait alterner interviews, reportages en entreprise, extraits d’archives dont des films d’entreprise et une surprenante publicité pour les conseils de prud’homes.

Pour conclure le principal intérêt du film est d’amener le spectateur à réfléchir sur une dimension importante de son existence et sur une valeur consacrée par la société. S’il y avait par ailleurs une leçon a tirer de ce documentaire ce serait une invitation à ne pas subir son travail, et plus généralement sa vie.


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Publié dans Société

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